La-capitale-de-la-Lunetterie...
Morez: histoire de la lunette...
C'est en 1796 que furent fabriquées dans notre canton, par Pierre Hyacinthe Caseaux, les premières lunettes...
Les échantillons qu'envoie Caseaux à l'exposition nationale du 25 mai 1806 à Paris, consistent en quatre montures de lunettes ou de conserves à simple et double branches, à charnières, à boutons et à ponts.(Les conserves sont des lunettes correctrices à verres de faible courbure.

Les fabriquants sont alors: P.H. Caseaux et Jean Baptiste Lamy-Piarret. Les documents d'époque spécifient les termes suivants: - "Il s'établit une 3ème fabrique dont les essais donnent des espérances de rivaliser avec les fabriques anglaises pour la façon, la propreté et le fini. Le sieur Colin l'Ainé qui en est l'entrepreneur, est occupé à en finir les échantillons qu'il se propose d'envoyer directement à l'exposition nationale."

Cette dernière fabrique a dû disparaitre rapidement car aucune mention n'en est faite dans les documents ultérieurs. En ce qui concerne les moyens d'encourager la lunetterie, le jury conseille de "redoubler, en faveur des monteurs de lunettes, la surveillance des ouvrages de fer et d'acier poli venant d'angleterre".

Pierre-Hyacinthe Caseaux est né à Vaux sur Poligny le 4 octobre 1744. Domicilié sur la paroisse de Morbier, puis à Morez, il a établi une clouterie aux Rivières (Commune de Prémanon), sur le Bief de la Chaille,en 1778.Il fabrique des pointes de Paris (Clous à épingles). Il a également un atelier aux Arçets (Prémanon) et sans doute à la Doye (commune des Rousses), car, selon Felix Peclet, érudit et ancien maire des Rousses, Caseaux transporta sa manufacture de clouterie au Moulin Buffard-Moret en 1778. Peclet suppose que c'est là que furent façonnées les premières lunettes. La controverse dure toujours, mais on pense qu'un jour, Caseaux eut l'idée de travailler le fil de fer qu'il achetait à Morez, à la Tirerie, pour confectionner ses pointes de Paris, afin de lui donner diverses formes imitant des objets usuels, de le souder peut-être. Il répara ainsi des lunettes endommagées puis réalisa des montures.

A l'origine de la lunetterie, on se contentait de reproduire les modèles anglais et c'etait une fabrication assez grossière. Les branches étaient forgées, les nez et les tenons soudés à la fournaise sur des cercles très gros. Le tout était assemblé et limé par des ouvriers horlogers, forgerons et cloutiers de formation. P.H. Caseaux ne poursuivit pas longtemps cette activité. En 1809, il entreprit,aux Rivières, la fabrication des tuiles et mourut, ruiné en 1814. Mais la lunetterie continuait aux Arçets avec Jean-Baptiste Lamy-Piarret, puis avec ses fils Pierre-Hyacinthe et Jean Celestin, cultivateur, Jean-Baptiste Lamy avait appris à travailler la lunette auprès de son voisin Caseaux, pendant les longues périodes d'hiver. Pierre-Hyacinthe Lamy était le filleul de Caseaux, dont il portait les prénoms. Il apprit son métier chez son parrain qui le plaça d'ailleurs comme apprenti chez un opticien pour qu'il se perfectionne.

Jusqu'en 1825, aucune autre personne ne figure en qualité de lunetier, sur les nombreuses listes des archives moreziennes. C'est peu après que cette industrie fait son entrée officielle à Morez avec deux entreprises: Les établissements de Pierre-Hyacinthe Lamy et de Louis-Felix Lamy. Chacun compte,patron et ouvriers, 3 personnes. Soit un total de 6 lunetiers (alors que Morez compte 2073 habitants.). En 1827, on fabrique annuellement 2500 paires de lunettes fournies par 5 ateliers occupant 20 ouvriers.

A partir du milieu du XIXéme siècle, le développement de la lunetterie s'accélère : On compte 15 établissements dans le canton, employant plus de 800 ouvriers dont beaucoup travaillent à domicile et une partie de l'année seulement. Ils produisent 45000 douzaines de lunettes. Vers 1880, Il y a 39 lunetiers à Morez avec 1250 ouvriers. En outre, 550 autres travaillent chez eux, à l'exterieur. La lunetterie a définitivement supplanté l'horlogerie. Des progrès techniques importants sont peu à peu réalisés, l'électricité remplace la force hydraulique. Morez exporte dans un grand nombre de pays. C'est le centre principal de la lunetterie française.